a Bible
en vers

A tout moment, il incombe à l’Eglise la responsabilité de lire les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, si elle doit poursuivre sa tâche. S’exprimant dans des termes compréhensibles de chaque génération, elle doit être à même de répondre aux questions toujours récurrentes que les gens se posent sur la signification de la vie actuelle et de celle qui s’annonce, et comment vivre le changement. Nous devons nous tenir au courant et comprendre les ambitions, les aspirations, et les caractéristiques souvent spectaculaires du monde dans lequel nous vivons… (Gaudium et spes)

Parallèles

Comme le dit si bien cette encyclique de Paul VI, qui date de 1965, notons-le, il nous faut sans cesse observer notre temps à la lumière des Ecrits, établir, au gré des réflexions personnelles que nous inspirent les évènements de notre quotidien, des parallèles avec la Bible. D’où le titre de cette rubrique.

Je dis nous, parce que, bien évidemment, L’Eglise, c’est nous, c’est chacun de nous, à la fois d’une manière personnelle et dans notre relation à l’ensemble des chrétiens, qui composent l’ « Ecclesia », l’assemblée des croyants.

Les évangiles seront cités, mais j’entends ne pas me cantonner à ces seuls écrits. La rédaction de la Bible en vers m’a, en effet, fait découvrir, dans les Livres Poétiques en particulier, des versets savoureux, édifiants, lumineux. Je me dois de vous les faire partager.

Notre monde, plus que jamais, connaît des mutations profondes, voire des bouleversements, ne serait-ce que parce que nous sommes entrés dans une ère de « communication », de relation à l’autre où va tout va vite, si vite que nous devons prendre garde de ne pas nous éloigner de lui aussi rapidement que nous l’avons rencontré. La lecture de la Bible est un ralentisseur de temps, où nous prenons le temps de réfléchir et, marquant un arrêt dans la course effrénée de la vie dite moderne, de revenir sans cesse à la source. Cela nous permettra de mieux appréhender la signification de la vie actuelle. A condition, bien évidemment, de nous tenir au courant. C’est ce que je vais essayer de faire avec cette rubrique.


Réflexions actuelles …

Que nous dit la Bible ?

Le contenant et le contenu

Si le vin te paraît infect,
Trop vert, voire délétère,
Vas-tu d’un même geste
Jeter et le vin et le verre ?

Il a mauvaise mine, le cadre
Qui entoure ta belle peinture.
Vas-tu, parce qu’il se dégrade,
Jeter peinture et enluminure ?

Alors fais de même de la religion
Et de son institution :
Ne va pas jeter en même temps
Enseignants et enseignement !

Ne confonds pas le contenant
Et le contenu,
L’encadrement du moment
Et la Parole reçue.

Les paroles éternelles






Le ciel et la terre passeront,
Mes paroles ne passeront pas.
(Mt 24:35)

Social et économie



Un jour Monsieur Social
Rencontra Madame Politique.
Leur aventure n'alla pas trop mal,
Même si elle fut parfois épique.

Mais voici que subitement survint
Madame Economie qui, accusatrice,
Prit ombrage et voulut décréter la fin
De leur belle entente complice,

Car vous devez savoir ceci,
Et je vous le dis sans ambages:
Social et Economie
Ne font pas bon ménage.

Qui c'est ?

21 Le riche fait-il un faux pas,
Ses amis sont tout de suite là.
Le pauvre tombe à terre,
Et les siens le laissent à terre.

22 Quand le riche chute,
Il est secouru par ses proches.
Ce qu’il dit n’a pas de sens,
Mais on lui prête de l’intelligence.
Quand le pauvre chute,
On lui en fait le reproche !
Il dit ce qu’il faut,
On le prend pour un sot !

23 Quand le riche parle,
Tout le monde se tait
Et reste béat.
Quand le pauvre parle,
On dit : « Qui c’est ? »
Et s’il fait un faux pas,
Personne ne le soutiendra.
(Si 13)

Transparence




Un jour, dans notre douce France,
Soudain éprise de transparence,
On entendit : Combien tu gagnes alors ?
On venait d’ouvrir la boîte de Pandore,

Et de cette boîte sortirent
Toutes sortes de vilénies,
Et l’on ne sait quelle est la pire,
De la jalousie ou de la calomnie.

Nul n’y gagna assurément,
Car les meilleurs amis
Devinrent ennemis
Et réciproquement.

Calomnies

6 Mes ennemis
Disent méchamment de moi :
Ne va-t-il pas mourir, celui-là,
Qu’on n’entende plus parler de lui ?

7 Quelqu’un vient-il chez moi,
C’est pour débiter des calomnies,
Et quand il est dehors,
C’est pour en colporter
Plus encore.

8 Mes adversaires,
Autour de moi,
Chuchotent à mon sujet.
Ils parient sur mon sort :

9 « C’est une vilaine affaire
Qu’il traîne là.
Il s’est couché,
Il ne s’en relèvera pas ! »

10 Même mon meilleur ami,
Celui que j’aimais bien,
Avec qui je partageais mon pain,
S’est retourné contre moi.
(Ps 41)

37 à 3

3 morts tragiques à Boston :,
Emotion en direct, spectacle.
37 le même jour en Irak
Mais ceci n’intéresse personne.



Deux poids, deux mesures,
Sont horreur
Aux yeux du Seigneur.
(Pr 20 :10)

Aveu et contrition

Il ne faut pas confondre aveu
Et contrition :
Même fait droit dans les yeux,
Aveu ne vaut pas confession.

Veut-il désormais mieux faire
Ou seulement se tirer d’affaire ?
Ses regrets ne sont pas repentir,
Ils ne montrent qu’un déplaisir.

Cela me rappelle Fernand Raynaud
Qui, ayant des difficultés tout là-haut,
Fit cet exemplaire acte de contrition :
Que je regrette d’être monté dans cet avion !

Avouer et s'amender






A qui cache ses fautes rien ne réussit.
Qui les avoue et s’amende obtient merci.
(Pr 28 :13)

L'ange gardien

L’ange gardien vous appelait au téléphone.
Sur votre ligne interne il n’a trouvé personne.
Quand il a voulu vous joindre,
Il n’a pu, hélas, vous atteindre :

Sourds aux appels pressants de l’intérieur,
Vous étiez préoccupés par votre extérieur.
Gardez avec lui toujours le contact
Et laissez votre ligne libre et intacte,

Appelez-le vite, protégé indigne,
Avant qu’il ne coupe votre ligne,
Car si vous ne l’appelez régulièrement,
Il vous mettra aux abonnés absents.

Tobie et l'ange Raphaël




L’enfant partit avec l’ange,
Et son chien les suivait.
Ils marchèrent et, la première nuit,
Ils campèrent le long du Tigre.
(Tobie 6 :1)

Le blé de Shakespeare

On en apprend de belles à présent :
Shakespeare, nous dit-on, se faisait son blé
En le stockant et en attendant patiemment
La disette pour le mettre sur le marché.

Comme on se l’imagine, il le faisait alors
Au prix fort.
Ne connaissant pas encore les îles Caïman,
Que fit-il donc de cet argent ?

Ce précurseur en tous genres, céréales
Et accessoirement en littérature,
Ce maître en fraude fiscale
Se contenta de pratiquer l’usure.

L’Histoire est là pour nous enseigner,
Car elle est un perpétuel recommencement.
Mais nous faut-il prendre exemple sur nos aînés ?
Pas forcément ...

Spéculation






Le peuple maudit
Ceux qui stockent leur blé.
Il bénit
Ceux qui le mettent sur le marché.
(Pr 11 :26)

Estimations

Dans l’art de compter ses sous
Notre société est passée experte,
Mais elle ne l’est plus du tout
Quand il faut compter les têtes :

Le décompte des manifestants
Pose problème... manifestement.
Comment dire que le compte est bon
Quand divergent tant les estimations ?

Ou alors, police et manifestants mentent
Tous les deux,
Et ces estimations divergentes
Ne seraient qu’un jeu ?

Le mensonge






Un langage distingué
À l’insensé ne saurait convenir,
Encore moins ne sied
Au notable de mentir.
(Pr 17 :7)

Dans la Bible

Dans la Bible il est écrit ceci,
Dans la Bible il est écrit cela...
Chacun à grands cris
Assène ses postulats!

Rien ne te sert de crier:
Il vaut mieux prier
Que se trouve quelqu'un
Comme Philippe sur ton chemin.

Philippe et l'Ethiopien

Philippe courut et entendit
L’Ethiopien lire le prophète Isaïe.
Il lui dit : Comprends-tu vraiment
Ce que tu lis ?
Il répondit :
Comment le pourrais-je seulement,
Si personne ne vient m’éclairer ?
Et il invita Philippe
À monter s’asseoir près de lui.
(Actes 30:31)

La Vérité

Rumi, un mystique musulman
Nous a dit ceci il y a bien longtemps :
La Vérité, ce bien merveilleux,
Est un miroir tombé de la main de Dieu.

Ce miroir s’est brisé,
Et, ramassant un fragment,
Chacun prétend doctement
Détenir toute la vérité.

Moralité : à la froide certitude
Préférons le doute inquisiteur
Qui nous permet sans servitude
De chercher avec l’Autre, ailleurs.

Le doute





Ceci n’est pas dans la Bible,
Mais c’est tout de même un maître qui le dit,
Puisque c’est d’Aristote qu’il s’agit :

Le doute est le début de la sagesse.

L’oiseau sur la branche

Voyez cet oiseau
Perché dans l’arbre tout là haut :
Que la branche se casse
Nullement le tracasse,

Car sa confiance,
Il ne l’a pas mise dans la branche :
Sa sérénité si belle
Ne repose que sur ses ailes.

La maîtrise de soi


Car ce n’est pas
Un esprit de peur
Que Dieu nous a donné,
Mais un esprit
De force, d’amour
Et de maîtrise de soi.
(2 Tm 1 :7)

Per ardua ad alta

Ce n'est pas le chemin qui est difficile,
C'est le difficile qui est le chemin,
Affirmait le philosophe danois.
Brillant ? Cet homme avait un secret :

Il n'ignorait pas qu'il est toujours utile,
De puiser dans les proverbes latins ...
Comme celui-ci: Per ardua ad alta:
Les difficultés mènent aux sommets.

Les proverbes


Les hommes éloquents
Montrent leur sagesse aussi
Et répandent en pluie,
Leurs proverbes excellents
(Si 18:29)